Sylvie Riou-Milliot constate dans Sciences et Avenir que « le microbiote a décidément la cote. Car désormais, c'est au tour des spécialistes de l'os de s'y intéresser de très près. La preuve, une session scientifique consacrée à ce sujet lors du dernier congrès mondial de l'ostéoporose (World congress of osteoporosis, WCO) qui se tenait récemment à Cracovie, en Pologne ».
La journaliste évoque ainsi « une étude chinoise récente qui a comparé le microbiote d'un groupe de personnes, des volontaires sains mais aussi des personnes atteintes d'une ostéoporose plus ou moins sévère et présentant une diminution de leur densité osseuse ».
« L'analyse ADN de leurs bactéries a montré que la répartition des différentes colonies n'était pas la même chez tous les sujets. Soit plus de type firmicutes et moins de bactéroides chez les personnes atteintes d'ostéoporose », relève-t-elle.
Sylvie Riou-Milliot précise cependant que « cette étude menée sur un très faible effectif - 18 au total - ne permet absolument pas de conclure qu'un microbiote anormal est lié à l'ostéoporose. Mais l'une des questions qui se pose aux chercheurs est de savoir par exemple si la présence de tel type bactérien pourrait être un marqueur spécifique de la maladie ».
« Ou bien encore si modifier le microbiote, par exemple par le biais de l'alimentation – plus simple que les transplantations fécales – en agissant sur tel ou tel groupe de bactérie, permettrait de réduire en amont la perte osseuse responsable de fractures », note la journaliste.
Le Pr René Rizzoli (Hôpitaux universitaires de Genève), président du conseil scientifique du WCO, remarque que « les premiers arguments en faveur d'un lien entre microbiote et santé osseuse sont en fait très récents et nous n'en sommes qu'aux balbutiements de cet axe de recherche ».
Sylvie Riou-Milliot indique par ailleurs que « des travaux visant à démontrer que la prise de probiotiques naturels présents dans les aliments fermentés comme la choucroute et certains produits laitiers fermentés (tels que le kéfir, les yaourts, certains fromages...) pouvait influencer ce fameux microbiote sont actuellement en cours ».
« Chez l'animal, des travaux sur la souris ont montré que le fait d'administrer certains probiotiques, de la famille des Lactobacilles (lactobacillus reuteri), à des animaux de petite taille permettait d'accélérer la croissance du fémur », poursuit la journaliste.
Elle ajoute que « d'autres essais commencent tout juste à être menés chez l'homme. Comme des manipulations très sophistiquées reposant sur des transplantations fécales à des souris dites "germ free" de microbiote humain prélevés chez des jumeaux plus ou moins atteints de dénutrition ».
Sylvie Riou-Milliot explique que « ces travaux menés au Malawi ont non seulement montré des répercussions au niveau de la croissance osseuse des rongeurs (ralentie dans le cas du transfert d'un microbiote d'un enfant mal nourri à une souris) mais aussi que ces anomalies pouvaient être corrigées chez le rongeur si l'on transplantait dans un second temps à ces souris à la croissance osseuse anormale un microbiote d'un autre rongeur qui lui avait initialement reçu le microbiote d'un enfant bien nourri ! ».
La journaliste souligne toutefois que « de très nombreux facteurs peuvent influencer le microbiote, de l'âge à l'alimentation, en passant par les gènes ou encore les prises de médicaments telles que les antibiotiques. Mais il est encore impossible à l'heure actuelle de traduire ces travaux en recommandations pratiques ».
« En attendant d'en savoir plus sur d'éventuels traitements de la perte de densité osseuse par les probiotiques, l'un des meilleurs moyens de réduire l'ostéoporose reste la prévention par… l'activité physique ! », conclut-elle.
Date de publication : 26 avril 2018

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