Plus de deux milliards de personnes dans le monde auraient des apports insuffisants en iode : une étude[1] publiée par des chercheurs irlandais attire l’attention sur un problème que l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, considère comme la cause la plus importante de dommages cérébraux qu’il est possible de prévenir : la déficience en iode.

Ce problème d’apports insuffisants en iode est loin d’être l’apanage des pays en voie de développement. Lors des journées internationales H.P. KLotz de mai 2011 à Paris, consacrées à la thyroïde, le Pr Michaël Zimmermann, président de l’International Council of Iodine Deficiency Disorders (ICCIDD) a placé la France parmi les 14 pays européens encore en état de déficience iodée (iodurie moyenne < 100 µg/L).

En France, les apports en iode se situent en dessous des apports recommandés pour les populations adultes et les femmes de tous âges sont plus exposées que les hommes. Les apports en iode sont faibles chez les personnes de plus de 70 ans et diminuent parallèlement à la baisse des apports énergétiques, augmentant le risque de maladies de la thyroïde. L’iode est, en effet, indispensable au bon fonctionnement de la glande thyroïde. L’iode est partie intégrante des hormones thyroïdiennes et est donc indispensable à leur production.

Les femmes, un groupe à risque prioritaire : les jeunes adolescentes et les femmes en âge de procréer apparaissent comme des groupes à risque prioritaires. Trois études réalisées dans les années 1990, en France, chez des femmes enceintes indiquent qu’en fin de grossesse, les apports en iode correspondent à moins de 50 % des apports nutritionnels conseillés.

Les besoins en iode sont augmentés au cours de la grossesse (200 µg par 24 heures) en raison d’une augmentation de son élimination par les reins en même temps que se constitue, au-delà de 18-20 semaines de grossesse, chez le fœtus un pool iodé intra-thyroïdien indispensable pour que sa thyroïde puisse synthétiser des hormones thyroïdiennes. Jusqu’à la 14-18e semaine, le développement et la maturation du cerveau du fœtus dépendent totalement du bon transfert des hormones thyroïdiennes de la mère, en attendant que la thyroïde fœtale soit fonctionnelle. Les déficiences observées chez les femmes enceintes peuvent compromettre le bon fonctionnement de la thyroïde avec pour conséquences possibles, un transfert insuffisant d’hormones thyroïdiennes vers le fœtus et des anomalies dans le développement neurologique et psychomoteur du nouveau-né.

L’étude réalisée par les chercheurs irlandais montre qu’en Irlande, seulement un tiers des femmes sont conscientes de l’importance de l’iode au cours de la grossesse. Pratiquement 46 % des Irlandaises n’ont pas les apports recommandés au Royaume Uni et en Irlande du Nord de 140 µg par jour qui sont déjà en-dessous des recommandations de l’OMS et de l’EFSA qui sont pour les femmes enceintes de 200 à 250 µg par jour.

Les principales sources alimentaires d’iode : la majeure partie des aliments, en dehors de ceux issus de la mer, ne contiennent que très peu d’iode. On retrouve les concentrations en iode les plus élevées dans les huîtres, les moules, les crevettes, les homards, les langoustes et les poissons d’eau de mer. Le lait et les produits laitiers ainsi que les œufs sont devenus, dans les pays industrialisés, des sources d’iode en raison de l’utilisation de compléments alimentaires riches en iode et/ou de la contamination de la chaine alimentaire par des substances iodées.
[1] .O’Kane M. et al., Iodine knowledge is positively associated with dietary iodine intake among women of childbearing age in the UK and Ireland. https://doi.org/10.1017/S0007114516003925. Published online : 18 November 2016

bottom