Damien Mascret indique en effet dans Le Figaro : « Un net relâchement des bonnes habitudes diététiques de ceux qui prennent des statines. Voilà sans doute l'effet secondaire le plus inattendu de ces médicaments qui ont révolutionné la prise en charge de l'hypercholestérolémie et, au-delà, la protection cardiovasculaire ».
Le journaliste explique qu’« en se basant sur la grande étude nationale américaine (National Health and Nutrition Examination Survey) menée de façon répétée auprès de 28.000 Américains de plus de 20 ans entre 1999 et 2010, des chercheurs américano-japonais mettent en évidence [dans la revue Jama Internal Medicine] un comportement moins favorable à la santé chez ceux qui prennent quotidiennement une statine ».
Damien Mascret observe qu’« en 1999-2000 le groupe d'Américains sous statines avait un comportement diététique plus vertueux que les autres, consommant en moyenne chaque jour moins de calories (2000 versus 2 179) et moins de gras (71 g versus 81 g). Malheureusement, dix ans plus tard, il fallut déchanter ».
« Alors que la consommation de calories et de gras restait stable chez ceux qui ne prenaient pas de traitement, les choses évoluaient dans le mauvais sens pour le groupe traité par statines. Au fil des ans, les bonnes habitudes se perdaient et le groupe traité finissait par rejoindre la consommation de calories et de gras de l'autre groupe, moins vertueux au départ »,
relève le journaliste.
Le Dr Nathalie Rapoport, médecin psychothérapeute à Paris et vice-présidente de l'Association pour la médecine comportementale, réagit : « Nous sommes tous humains et faibles, et nous avons tous tendance à en faire moins quand nous prenons un médicament. De plus, modifier les attitudes alimentaires est ce qu'il y a de plus compliqué ».
Damien Mascret note que « pour le Pr Jacques Blacher, professeur de thérapeutique à l'université Paris-Descartes, cela renforce l'importance «de privilégier les thérapeutiques efficaces et bien tolérées». Il espère toutefois que l'étude […] ne sera pas dévoyée par tous les pourfendeurs des statines, qui sont prêts à tout pour les discréditer ».
Le journaliste souligne en effet que « sur le fond, l'étude ne remet pas en cause l'intérêt des statines lorsque leur prescription est justifiée, c'est-à-dire pour les personnes à risque élevé d'infarctus du myocarde ou d'accident vasculaire cérébral, soit parce qu'ils en ont déjà fait un, soit parce qu'ils cumulent les facteurs de risque cardiovasculaire : tabac, diabète, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, sédentarité ».
« Il n'empêche que ce travail rigoureux met le doigt sur l'un des points faibles de la médecine scientifique moderne. Feindre de croire que les individus se comportent dans leur vie de tous les jours comme ils le font lorsqu'ils sont enrôlés dans les études cliniques destinées à l'évaluation du rapport bénéfice/risque des médicaments. Une acrobatie intellectuelle qui reste à l'évidence périlleuse »,
conclut Damien Mascret.

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