Le Figaro remarque que « lorsque nous mangeons, le microbiote intestinal envoie à notre cerveau des signaux de satiété ». Le journal se penche ainsi sur les travaux de Sergueï Fetissov, professeur de physiologie à l'université de Rouen et chercheur Inserm dans l'unité nutrition, inflammation et dysfonction de l'axe intestin-cerveau, et de son équipe « qui vient de publier ses résultats dans Cell Metabolism ».
Le chercheur déclare : « Nos bactéries intestinales, une fois nourries, produisent une protéine qui va agir sur le cerveau pour lui dire d'arrêter la prise alimentaire ».
Le Figaro relève que « d'abord en éprouvette, puis dans l'intestin de rats et de souris, l'équipe a analysé le comportement de bactéries ; essentiellement des E. coli qui présentent le double avantage «d'habiter l'intestin de tout le monde, et d'être un modèle facile à manipuler en laboratoire», précise Sergueï Fetissov ».
Le journal explique que « les chercheurs observent que «les bactéries contrôlent elles-mêmes leur nombre et arrêtent de se diviser après avoir produit une quantité donnée de nouvelles bactéries». Si les auteurs ignorent comment elles «décident» d'interrompre leur croissance, ils remarquent en revanche que ce processus dure précisément… 20 minutes ».
Le Pr Fetissov souligne qu’« en éprouvette ou dans l'intestin du rat, cette durée reste la même . Nous avons aussi testé in vitro d'autres bactéries et avons retrouvé la même cinétique ».  Le Figaro observe que « 20 minutes, c'est le temps nécessaire lors d'un repas normal pour voir émerger un sentiment de rassasiement. Se pourrait-il que nos bactéries nous disent qu'elles n'ont plus faim ? ».
Le journal rappelle que « l'an dernier, la même équipe rouennaise avait identifié une protéine (Clpb), produite par la bactérie E. coli et similaire à une hormone impliquée dans le sentiment de satiété. Les chercheurs ont donc voulu savoir comment Clpb se comportait. Et c'est leur seconde découverte : la protéine Clpb n'agit pas de la même façon selon qu'elle est issue de bactéries affamées ou rassasiées ! ».
Sergueï Fetissov remarque que « lorsque nous avons injecté aux rats des protéines extraites de bactéries en phase de croissance, elles stimulaient la production d'une hormone qui augmente la libération d'insuline (GLP1). Et lorsque nous injections les mêmes protéines, mais issues de bactéries ayant cessé de croître, elles stimulaient une autre hormone qui régule la satiété (PYY) ». Le Figaro ajoute que « les rats soumis à ces dernières injections mangeaient ensuite 2 fois moins que ceux ayant reçu un placebo ou des protéines issues de bactéries non rassasiées ».
Le Pr Jean-Michel Le Cerf, chef du service de nutrition à l'Institut Pasteur de Lille, réagit : « C'est une étude très sophistiquée, qui confirme l'interaction extraordinaire entre le microbiote et le cerveau. Il faudra toutefois démontrer que le même processus est à l'œuvre chez l'homme, et quel est son rôle dans les pathologies de l'alimentation ».
« La régulation du comportement alimentaire est une usine à gaz incroyable, en particulier chez l'homme, avec toute une part psychologique et environnementale. […] Ces voies de recherche sur l'axe intestin-cerveau sont prometteuses », poursuit le spécialiste.
Le Figaro indique que « l'équipe rouennaise va s'atteler à étudier ces processus chez l'homme. […] Et après avoir «trouvé la protéine bactérienne qui fait arrêter le rat de manger», Sergueï Fetissov aimerait découvrir celle qui fait mincir l'homme ».
Date de publication : 25-11-2015

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