L’exposition aux rayonnements du soleil est indispensable pour synthétiser la vitamine D dont l’organisme a besoin pour bien fonctionner. Mais cette exposition a aussi des effets néfastes dont il faut le protéger. Une alimentation riche en fruits et légumes et la prise de nutriments incluant notamment des caroténoïdes, des vitamines C et E, des flavonoïdes ou des acides gras oméga-3 peuvent contribuer à renforcer la résistance de la peau face à l’agression du soleil.

Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (l’OMS), entre deux et trois millions de cancers non mélanocytaires et 132 000 mélanomes malins sont enregistrés chaque année dans le monde et l’exposition au soleil est lourdement impliquée dans leur apparition.


Les effets des rayons UV : les ultraviolets favorisent la formation, au niveau de la peau, de radicaux libres et d’espèces réactives de l’oxygène, comme l’oxygène singulet. Ils peuvent rapidement submerger les défenses antioxydantes de l’organisme, laissant un grand nombre de cellules sans défense et ouvrant le chemin au vieillissement prématuré de la peau, aux désordres immunitaires, aux cancers cutanés …

Lorsqu’ils pénètrent dans la peau, les rayons ultraviolets du soleil peuvent altérer les différentes cellules qu’ils rencontrent sur leur chemin : kératinocytes, mélanocytes, cellules de Langerhans, collagène, élastine… Les UVB, très énergétiques, agissent directement sur les kératinocytes, des cellules de l’épiderme. Ils en détruisent certaines et, en provoquant la génération de substances inflammatoires, font apparaître l’érythème, une rougeur plus ou moins importante de la peau.

L’ADN (acide désoxyribonucléique) est présent dans chaque cellule. Il porte l’information génétique. L’énergie des UVB est absorbée par l’ADN provoquant des cassures de ses brins. Elles se répareront de plus en plus difficilement au fil du temps. Dans le meilleur des cas, soit les cellules sont capables de se régénérer en éliminant l’ADN endommagé soit elles meurent. Mais certaines cellules dont l’ADN est endommagé peuvent aussi se reproduire et créer une tumeur.

Un certain nombre d’études ont montré que l’exposition aux rayonnements ultraviolets a un effet immunosuppresseur. Un affaiblissement du système immunitaire peut être synonyme d’un accroissement du risque d’infections, d’une diminution partielle de l’efficacité des vaccins mais, surtout, d’un affaiblissement des défenses de l’organisme contre le cancer et, en particulier, contre le cancer de la peau.


Le système de défense de la peau : la peau possède son propre système de défense et, face à l’agression des rayons ultraviolets, active un certain nombre de protections naturelles :

La couche la plus superficielle de l’épiderme, la couche cornée, s’épaissit pour mieux réfléchir les rayons du soleil.
L’activité des mélanocytes, dans l’épiderme, augmente pour synthétiser des quantités plus importantes de mélanine, la peau se colore progressivement ; c’est le bronzage qui peut absorber jusqu’à 90 % des rayons UVB.
Les mécanismes naturels de protection antioxydante de la peau font intervenir tout un arsenal de molécules incluant des enzymes antioxydantes comme la superoxyde dismutase ou la catalase, des antioxydants apportés par l’alimentation comme les vitamines C et E, les caroténoïdes, les polyphénols ou le sélénium.


Renforcer les défenses antioxydantes : l’exposition au soleil favorisant la production de radicaux libres et d’espèces réactives de l’oxygène, les défenses naturelles de l’organisme peuvent être rapidement submergées si elles ne sont pas renforcées.

Ce renforcement se fait en privilégiant une alimentation avec abondance de fruits et légumes riches en antioxydants et en prenant un complément alimentaire apportant un mélange d’antioxydants.

 

Des caroténoïdes : les caroténoïdes, – bêta-carotène, lutéine, alpha-carotène, lycopène, lutéine…- sont capables de neutraliser l’oxygène singulet et de piéger les radicaux libres, prévenant ainsi les lésions qu’ils pourraient provoquer sur les cellules. Ils ont également la capacité de renforcer le système immunitaire. Plusieurs études[1] ont montré que la prise de caroténoïdes diminue la sensibilité de la peau et retarde l’apparition de l’érythème. Ils sont également efficaces pour prévenir des réactions d’intolérance au soleil comme la lucite estivale bénigne.

Le bêta-carotène est déconseillé chez les fumeurs.

 

Les vitamines C et E : près une exposition au soleil, les niveaux de vitamines C et E sont diminués de façon importante dans les cellules de la peau. Cela indique qu’elles piègent efficacement les radicaux libres. La vitamine E aide à prévenir l’affaiblissement du système immunitaire provoquée par les rayons ultraviolets.

 

La superoxyde dismutase ou SOD : la superoxyde dismutase est un acteur important du système de défense enzymatique antioxydant. Une superoxydase dismutase a été extraite d’une variété de melon et est utilisée dans certains compléments alimentaires. Quelques études ont examiné l’effet d’une supplémentation en SOD sur la réaction de la peau au soleil. Elles ont montré qu’elle retarde de façon importante l’apparition de l’érythème solaire et qu’elle diminue les réactions d’intolérance[2]. Contrairement à celui des autres nutriments, son effet apparait rapidement.

 

Sélénium et glutathion peroxydase : la glutathion peroxydase est un autre élément essentiel du système de défense enzymatique antioxydant. La présence de quatre atomes de sélénium dans cette enzyme antioxydante, font de ce minéral essentiel un atout indispensable de la protection contre les radicaux libres générés par l’exposition au soleil. La synergie avec d’autres antioxydants le rend encore plus efficace. Il a également une action positive sur le système immunitaire dont il renforce la réponse[3].

L’ensemble des études de supplémentation en antioxydants montre que pris à des dose supérieures à celles que l’on peut obtenir par la seule alimentation, les antioxydants renforcent l’activité du système immunitaire. Ils élèvent le seuil de réactivité au soleil de la peau et renforcent sa résistance naturelle. Ils lui apportent une photo-protection cutanée que l’on peut assimiler à un facteur de protection solaire approchant 2. C’est une protection peu élevée mais elle a l’avantage d’être permanente. En dehors, de la SOD qui semble à part, il faut huit à neuf semaines de supplémentation pour ces effets bénéfiques apparaissent.


Le rôle des acides gras oméga-3 : une série d’expériences sur des animaux avait suggéré qu’une alimentation riche en graisse pouvait augmenter le risque de cancer de la peau induit par l’exposition aux UV. Des études sur l’homme montrent qu’une alimentation riche en acides gras oméga-6 renforce la cancérogenèse de façon importante alors que la consommation d’acides gras oméga-3 aurait un effet protecteur[4]. De plus, la consommation d’acides gras oméga-3 diminuerait la sensibilité de la peau au coup de soleil.


Nicotinamide et prévention du cancer de la peau : le nicotinamide est une forme de vitamine B3. Dans une étude publiée en 2015 une équipe de chercheurs australiens montre que la prise de 500 mg de nicotinamide deux fois par jour pendant 12 mois a réduit de 23 % le risque de cancers de la peau non-mélanomiques. Le nombre de kératoses actiniques susceptibles d’évoluer en cancers a été réduit de 11 % au bout de trois mois et de 20 % après 9 mois.

Cette étude a porté sur 386 patients, âgés en moyenne de 66 ans, qui avaient eu au moins 2 diagnostiques de cancer de la peau au cours des 5 années précédentes et étaient donc considérés comme à risque élevé.

Le rayonnement UV est impliqué dans le développement de cancers de la peau par le biais de deux effets : des lésions de l’ADN et l’affaiblissement du système immunitaire. Les résultats de l’étude seraient dus à deux importantes propriétés du nicotinamide : son rôle dans la production d’ATP (adénosine triphosphate), la molécule de stockage de l’énergie, et sa capacité à protéger l’organisme contre l’affaiblissement du système immunitaire provoqué par les rayons ultraviolets.

Pour réparer l’ADN, éliminer les parties endommagées et restaurer des séquences normales, l’organisme a besoin d’un apport important d’ATP. En aidant l’organisme à produire davantage d’ATP, le nicotinamide favorise le maintien permanent de mécanismes efficaces de réparation de l’ADN.

Des études sur l’homme montrent également que le nicotinamide exerce un effet protecteur contre l’affaiblissement du système immunitaire induit par les rayons du soleil. Dans l’une d’entre elles, des volontaires en bonne santé ont pris pendant une semaine du nicotinamide ou un placebo aux doses quotidiennes de 500 ou 1500 mg. Trois jours après la supplémentation, les sujets ont reçu une faible dose d’irradiation sur différentes zones distinctes du dos pendant trois jours. L’examen a montré une immunosuppression substantielle des zones irradiées de la peau des sujets ayant pris un placebo. Cette immunosuppression était 50 à 66 % plus faible chez les sujets supplémentés en nicotinamide. Les deux doses ont produit un effet protecteur similaire[5].

Si une alimentation riche en fruits et légumes apportant des antioxydants et la prise de compléments alimentaires apportant une synergie de nutriments antioxydants exerce des effets protecteurs contre les effets néfastes de l’exposition au soleil, ils ne sont pas suffisants pour dispenser d’une protection externe. L’utilisation d’un écran solaire protégeant des UVB et des UVA ou le port de vêtements couvrants est indispensable dans des situations d’exposition intense et/ou de longue durée.

Les écrans solaires et les vêtements empêchent les UVB de synthétiser la vitamine D. Et pour rester en bonne santé, nous avons besoin d’en produire naturellement sous l’action des rayons du soleil. Une exposition quotidienne d’environ 10 à 15 minutes, selon la sensibilité de la peau de chacun suffit à synthétiser suffisamment de vitamine D pour peu que la surface de peau exposée soit assez importante. Pour être bénéfique, cette exposition sans protection, en dehors de celle apportées par les nutriments antioxydants, doit s’arrêter avant que la peau ne rougisse.

bottom